En route pour la Drassina

Elle rélféchit sérieusement à la question.

- Hum, maintenant, j'ai quelques fruits qui peuvent nous servir de dessert, si nous arrivons en Drassina demain soir rien ne sert de nous priver, et nous voyageront plus vite si nous avons moins de charge.

Elle faisait ressortir à la fois son côté autoritaire, pratique et gourmand.

- Ca a l'air très bon, à quel marchand as-tu donc acheté tout ça?

Il fit un petit sourire discret.

-Eh bien, en fait, je ne les ai pas vraiment acheté. Je me suis servi dans les cuisines de ton palais.

Il faisait déjà ça étant étudiant, et nombreux sont ceux qui connaissent le chemin des cuisines et viennent y faire un tour la nuit. Vanir avait gardé cette vieille habitude. Pressé de passer a un autre sujet avant qu'elle le sermonne, il enchaina avec un petit sourire.

-Et si on arrive pas demain soir ? Si nous sommes retardé ? Tu iras faire un peu de chasse et de cueillette ?

Ah non certainement pas, elle avait toujours détesté la chasse, la pêche et le cueillette.

- Et bien sur tel est le cas, j'imagine que les villages dans lesquels nous passeront ne serait pas contre nous laisser quelques vivres contre des pièces d'or. Ou même de subvenir aux besoins de la grande Geis. Et dans le pires des cas, si nous ne croisons aucun village je sais que tu ne me laissera pas mourir de faim. Même si quelques jours de jeun n'ont jamais fait de mal à quiconque.

Elle lui fit un sourire, très fière d'elle, oui elle avait toujours réponse à tout. Mais elle n'avait pas oublié qu'il volait dans les cuisines de Gaesa, elle espérait qu'il était conscient qu'il avait fait cela ce matin pour la dernière fois.

Il haussa les épaules.

-C'est moins drôle si on demande de l'aide. Et rater des repas, ça m'a jamais véritablement plu. Mais bon, de toute manière, le problème ne se posera certainement pas.

S'ils étaient retardé, ils auraient certainement autre chose a penser sur l'instant, qu'a leur prochain repas. On ne retarde pas la Geis pour rien non plus. Il engloutit rapidement un morceau de pain.

-Dis moi, tu aurai un peu d'eau a me passer ? Je me suis servi de ce qui restait dans mon outre pour les chevaux. Et j'ai pas particulièrement envie d'aller en chercher au ruisseau maintenant...

Elle mangea lentement, un peu perdue dans ses pensées. Elle n'avait pas envie de quitter Gaesa, mais en même elle remettait sans cesse ce voyage. Il fallait donc bien s'y coller un jour.

- Humhum.

Elle lui lanca une gourde d'eau.

- Désolée juste de l'eau, je n'ai rien de plus fort.

Il haussa les épaules.

-Je ne demandais pas plus ma chère.

Il lui adressa un petit sourire. Puis Vanir déboucha la gourde, but doucement quelques gorgées, pour ne pas lui vider ses réserves, tout en se disant qu'il lui faudrait aller en chercher au ruisseau avant de repartir. Il reboucha, et regarda Alaya.

-Tu m'as l'air bien pensive. Il y a un problème ?

Elle secoua la tête négativement.

- Non aucun problème pour l'instant. Mais je pense que tu es conscients que nous allons en créer.

Même si l'arrivée de la Geis n'aurait été qu'une visite de courtoisie, à vrai dire, cela aurait forcement engendré des questions et des suspicions. Et pour l'instant il s'agissait de tout sauf d'une visite de courtoisie.

- Je réfléchissais à ce que sera le monde lorsque je serai rentrée à Gaesa, j'ai le pressentiment que plusieurs choses vont changer. Pour le meilleur j'espère.

Ça, pour en créer, ils allaient en créer. Il l'écouta attentivement. Puis il se déplaça pour s'assoir près d'elle, et lui pressa doucement le bras.

-Alaya, tu va te faire du mal si tu pense a tout ça. Ne tirons pas de plans sur la comète, nous ne sommes pas les deux seuls acteurs du monde, et pendant qu'on agis ici, qui sait ce qui se passe en secret dans une autre partie du monde ? Des tas de choses peuvent se passer, et peut être que les "problèmes" ne viendront pas de nous. Peut être que ce que nous pensons être un problème a la lumière des informations qu'on dispose maintenant, se révélera être en fait une solution sous un éclairage différent.

Il lui déposa un petit baiser sur la joue.

-Le monde sera forcément meilleur quand tu rentrera en Gaesa, puisque tu aura offert la lumière de ta présence a tout ceux que tu aura croiser.

Elle s'installa contre lui, méditant à ses paroles.

- A des fois je me demande si dans les autres parties du monde il y a autant d'intrigue, de complot que par chez nous. C'est vrai après tout, nos problèmes ne se limitent qu'à trois royaumes.

Du moins les siens. En fait ils vivaient à peu prés en autarcie puisque la puissance des mages les protégeaient. Du moins jusqu'à présent.

Il garda le silence quelques longues secondes, qu'il mit a profit pour passer un bras autour d'Alaya.

-Peut être pas autant partout. Mais je suis sur qu'il y a des complots dans divers endroits du monde, a diverses échelles... On le saura bien un jour, on ne passera pas l'éternité sans être confronté a nos "voisins".

- Je ne compte pas vivre pour l'éternité.

Elle releva la tête vers lui avec un sourire malicieux sur le visage.

- Serai-ce là un de tes buts?

Vanir eut un petit rire.

-Non, l'éternité, ce serai bien trop long pour moi. Je me demande bien comment font les Asdkaans.

Elle haussa les épaules. Elle n'aimait pas que l'on critique le peuple qui l'avait recueillis.

- Ils ne sont pas éternels, ils n'ont juste pas la même notion du temps que nous. Tu devrai passer un plus long séjour chez eux, je t'assure que ca te serai bénéfique.

Et avec un peu de chance tu trouveras ce fichu animal.

- Moi ce sont les autres royaumes que je plains, entre finir fou ou stupide je préfére encore une vie plus longue.

Il haussa les épaules. En comparaison, c'est sur, les autres pays ont des dons moins attractifs.

-Tu n'as pas tord. Mais, ce que je voulais dire, c'était que je m'imagine mal rester jeune plus longtemps, vieillir plus lentement, et voir mes amis mourir. Enfin comme tu dis, ils ont une manière de voir les choses différente de la notre. Et en quoi ce serai bénéfique de rester chez eux au fait ?

- Il est toujours préférable de connaitre le plus de cultures différentes possibles. Et vivre parmi elles est une bonne expérience.

Elle se retint de lui jeter un certain regard qu'elle maitrisait bien.

- Et puis, vaut mieux vivre en Asdkaa qu'en Weelgrin si tu veux mon avis.

Vanir esquissa un petit sourire.

-Oui, ce n'est pas faux. Mais tu sais, Weelgrin est agréable quand évite les gens. La brise marine, les embruns... J'ai toujours préféré ça au climat plus aride d'Asdkaa. Le soleil me donne des migraines. Mais autant que je m'y prépare, puisqu'on va s'y rendre.

Il lui déposa un petit baiser sur la joue.

-Allez, faudrait dormir un peu, peut être, tu ne crois pas ?

- Oui et son humidité, rien ne se conserve là bas. Une horreur.

Elle grimaca, puis acquiesça d'un signe de tête.

- Oh tu es fatigué ! Bien sur, reposons nous, nous avons encore une longue journée demain.

Elle prit sa couverte qu'elle disposa sur elle puis ferma les yeux et s'endormit presque instatamement.

-Tu es pourtant bien conservé pour une Weelgrine.

Il lui adressa un petit clin d'oeil, et se leva pour attraper sa couverture. Il s’étendit a côté de la jeune femme.

-Bonne nuit.

Ils étaient encore suffisamment près de la Gaesa pour que la zone ne soit pas trop dangereuse, et ne nécessite pas de tour de garde.

Il fut réveillé également par la pluie, mais aussi et surtout, par le bruit d'Alaya qui se levait et remballait ses affaires. Il se leva a son tour, regarda le ciel, et grommela quelques jurons bien choisit contre le temps. Puis il marmonna.

-Si j'avais encore mes pouvoir, on serai pas obligé de trouver un abri.

Il se pencha, ramassa sa couverture, et réunit le plus rapidement possible tout ce qu'il avait sorti. Il s'approcha du cheval, et tira une carte, puis il revint vers Alaya.

-On doit être là. Plus ou moins.

Il indiqua un point du doigt.

-Le premier village est a une petite heure de cheval, on y trouvera une auberge. En chevauchant vite, on devait pouvoir se maintenir a l'avance du plus gros de l'orage. D'ailleurs, si tu pouvais nous donner un petit coup de pouce en retenant légèrement l'orage... Histoire d'éviter que les chevaux soit effrayer par un coup de tonnerre et qu'ils fasse une mauvaise embardée.

- Si je t'avais tué je serai capable d'en faire autant.

Elle lui fit un clin d'oeil, récupéra Aube. Et se mit en scelle sans tarder.

- Une auberge ? Pourquoi faire? On a assez dormis. Quand à l'orage, c'est la nature, on ne va pas la bouleverser sans raison valable !

Et oui, avec la Geis il fallait apprendre à voyager à la dure ! Elle n'aimait pas les pleurnicheries.

Il enfourcha son cheval.

-Comme tu le sent.

Il haussa les épaules. Si elle attrapait un rhume ou une pneumonie, elle n'aurai qu'a s'en prendre a elle même. Il resserra sa cape autour de lui, et s'élança dans la pluie. Il haussa la voix pour se faire entendre par Alaya malgré le bruit de la pluie.

-Allez, chevauchons vite et loin, les chevaux ont eu le temps de se reposer, on va pouvoir les pousser un peu!

Elle n'essaya pas de rabattre le capuchon sur ses cheveux. Avec le vent il ne tiendrait pas longtemps. Elle tourna la tête vers lui et partit d'un grand éclat de rire. Elle aimait tellement ça, la vitesse, le danger, elle était comme une petite fille.
La pluie se transforma rapidement en averse, ses cheveux lui collaient au visage, mais elle ne les poussa pas, elle encouragea Aube a avancer encore plus vite.

- Tiens bon ma belle on est plus forte que ces deux hommes là !

Comme Alaya éclatait de rire, il ne put retenir un sourire de la voir ainsi, libre et fougueuse. Il s'élança a sa suite, plus prudent, mais néanmoins aussi rapide que le pouvais les pattes de son cheval. La pluie redoublait, mais il fallait continuer a avancer. Tout ce qu'il espérait, c'est que la dépression prendrait un autre chemin. Il n'avait pas suffisamment bonne connaissance de l'endroit pour connaitre les chemins qu'empruntait le plus souvent les orages : fleuves, zones de vallées, couloir de forêts... Ils pouvaient très bien se diriger sur une zone qui serait encore plus turbulente. Tout en laissant le contrôle de la direction a son cheval, et se fiant seulement au jeu des muscles de son cheval, il tenta d'atteindre mentalement l'orage. Il y parvint, mais le contact était ténu, et cela lui en coutait trop. Il put néanmoins prendre quelques informations. Il talonna son cheval pour essayer de se mettre a hauteur d'Alaya. Il était encore légèrement en retrait quand il estima que ce fut suffisant. Il lui cria.

-Dernier bulletin météo! Il ne devrait pas y avoir de grêle, mais ça risque de durer un moment!

Ne pas avoir de grêle était déjà une très bonne nouvelle en soi.

Elle aimait la tempête, pour elle c'était une trés bonne nouvelle.

- Et bien tant mieux !

Ils chevauchèrent au moins plusieurs heures, la tempete s'intensifiait. Elle trouvait ça tellement exaltant cette chevauchée, elle avait l'impression d'avoir perdu dix ans.
Elle regrettait presque que la destination allait pas tarder à arriver.